Txema Salvans

The Waiting Game

10 mars - 16 avril 2016

Murcia C-3223 | Txema Salvans | 2010

Murcia Ctra, Tramo de Union | Txema Salvans | 2010

Poligono de Marconi Madrid | Txema Salvans | 2013

Caspe, Zaragoza | Txema Salvans | 2014

Port of Valencia | Txema Salvans | 2013

Vallcara, Barcelona | Txema Salvans | 2009

The Waiting Game

in camera présente des photographies extraites de « The Waiting Game », du catalan Txema Salvans. Ce projet à visée documentaire renouvelle en profondeur les codes esthétiques et la pratique du genre.

Né à Barcelone en 1971, Txema Salvans se tourne vers la photographie après des études de biologie. Sa démarche ancrée dans la réalité en conserve une forme d’observation rigoureuse, une curiosité passionnée pour le vivant. « Parfois, je me sens tel un entomologiste, ou l’un de ces naturaliste, qui au XIXè siècle collectaient et reproduisaient des espèces dans un style parfaitement objectif ».

Son sujet d’étude est ce qui lui est familier et cher : l’Espagne aujourd’hui, le mode de vie des habitants. Dans ce cadre,Txema Salvans privilégie les relations entre l’homme et son environnement. Ses photographies décrivent ainsi les transformations de la péninsule ibérique tout en incorporant une dimension sociale centrale.

« The Waiting Game » comporte deux parties distinctes.

Le point de départ de la première série est une commande d’un hebdomadaire sur la prostitution dans la rue – interdite en Espagne. Txema Salvans sillonne alors les routes et autoroutes espagnoles qui longent les côtes méditerréanennes. Près des rocades, sous un soleil écrasant, dans la poussière des camions, des femmes qui exercent « le plus vieux métier » du monde selon l’expression consacrée, attendent le client dans la solitude. Pour Txema Salvans, ce sujet sensible mérite une série vaste et documentée. Il va lui consacrer huit ans.

Auparavant, il avait expérimenté à Barcelone la possibilité de prendre des photos sans être remarqué. Il s’était déguisé en géomètre, équipé d’un gilet phosphorent, d’un casque et d’un tripode. « Terriblement visible, je devenais invisible. C’était paradoxal. Malhonnête avec les sujets, j’étais on ne plus honnête avec la photographie, dans la mesure où rien ne changeait du fait de ma présence. » Pour ce travail, Txema Salvans use du même artifice et se fixe trois principes « avec l’idée de protéger l’identité de chacune, et de les montrer comme des femmes et non comme des prostituées. » D’une part, la distance est la règle. Ses photos sont prises de loin, avec l’apparence de photos de paysages et non de portraits. La lumière, d’autre part, est volontairement crue afin ne pas flatter la scène. Le moment, enfin, pour appuyer sur l’obturateur est délibérément choisi en dehors d’un acte tarifé. Les poses suggestives sont laissées de côté.

Le deuxième volet de « The Waiting Game » prolonge et complète la réflexion existentaliste du photographe. C’est une série sur l’attente, commun dénominateur à la variété des expériences humaines.
« En cet instant précis, quelqu’un attend. L’un attend d’être torturé, l’autre attend le moment idéal pour un premier baiser. L’un attend la naissance d’un enfant, l’autre attend les funérailles d’un défunt. Avant l’action, prééxiste inéluctablement un temps d’attente. »

Cette fois, le sujet est le pêcheur à la ligne. L’attente est ainsi dépouillée de charge dramatique. L’ironie pointe. La subtilité, le respect et l’attention délicate que Txema Salvans vouent aux êtres à travers l’objectif sont les mêmes. Un langage en soi, qu’il s’agisse d’un contexte tragique ou d’un divertissement populaire.

« Finalement, nous passons notre temps à attendre, de la vie à la mort et, si on y réfléchit, dit le photographe, les moments d’attente sont les mêmes pour tous, c’est seulement le moment de l’action qui diffère, selon que l’on attrape un poisson ou que l’on part avec un client. »

Le premier volet de « The Waiting Game » sur les prostituées a été publié en 2013 par RM Editions, le deuxième volet sera publié en novembre 2016.

Txema Salvans est l’auteur de plusieurs livres photo. En 2005, lors de PhotoEspana, il a reçu le prix du meilleur livre photo pour « Nice to meet you ».

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