David Fenton

SHOTS

18 septembre - 17 octobre 2009

 | David Fenton

SHOTS

1967. L’Amérique s’est réveillée. Black is beautiful : les Noirs vont arracher les droits civiques. La Californie connaît son Summer of Love. En octobre, cent mille personnes marchent sur le Pentagone pour protester contre la guerre du Vietnam. La répression pèse. La tension s’accroît.

Armé de son Nikon, de deux Leica et d’une carte de presse, un gosse de quinze ans est l’œil de cette histoire en train de se faire. David Fenton, dont in camera présente aujourd’hui une rétrospective, en est à la fois le Gavroche et le Gilles Caron.

« Au début du mouvement, dit Tom Hayden, le fondateur des Etudiants pour une société démocratique (SDS), il y avait peu d’images. David Fenton est arrivé au moment où la photo commençait à devenir plus naturelle que les manifestes, et une arme plus puissante que la mitrailleuse. »

Curieux, instinctif, irrésistiblement poussé par le sentiment que quelque chose est en train de se passer, Fenton a su gagner la confiance du milieu underground. Associé à l’agence contre-culturelle Liberation News Service, il fournit en images tout ce que le pays compte de brûlots et de fanzines radicaux ; la grande presse se dispute bientôt ses images.

De 1967 à 1972, il est partout. Dans les grands rassemblements où tout brûle, be-in et smoke-in de New York et Washington ; auprès de ceux que l’Amérique écrase, arrête et emprisonne, latinos et Black Panthers ; au pied de l’estrade où Genet va prononcer son May Day speech ; au premier rang devant Janis Joplin, B. B. King, Lennon et Yoko Ono ou les Stones ; face à Muhammad Ali, dont le regard magnifiquement ouvert semble tendre un miroir à celui du photographe… partout où souffle l’esprit, il le capte, avec l’objectivité incisive et la fraîcheur de son âge.

Ce faisant, David Fenton contribue inconsciemment à façonner notre époque. La photographie a acquis un sens politique. Il est devenu possible de prétendre dire la vérité avec des images.

« Il était à l’avant-garde du visuel, dit encore Hayden. Et ce que j’aime dans ses photos, c’est qu’on sait qu’il y a quelque chose d’authentique en elles. Ce sont de vraies photos, prises par une personne réelle, qui essaie de comprendre le monde. »

A vingt ans, comme emporté par le vent de l’époque, il se retire. Son œuvre gardera cette fugacité et cette intransigeance de l’adolescence. Il en demeure un document de premier ordre sur une de ces époques bénies où l’histoire et la beauté s’écrivent de concert.

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