Paul Kodjo, Ananias Léki Dago

Paul Kodjo, Ananias Léki Dago

17 septembre - 24 octobre 2020

Photographie de mode réalisée devant l’immeuble de la caisse de stabilisation, Plateau, Abidjan | Paul Kodjo | 1970

Soirée Dansante, Abidjan | Paul Kodjo | 1970

Extrait du roman photo « Perdue et retrouvée » | Paul Kodjo | 1973

Vue de l’exposition Paul Kodjo, Ananias Léki Dago, 2020

Vue de l’exposition Paul Kodjo, Ananias Léki Dago, 2020

Vue de l’exposition Paul Kodjo, Ananias Léki Dago, 2020

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Shebeen Blues, Afrique du Sud | Ananias Léki Dago | 2006

Noirs Lumières, Côte d’Ivoire | Ananias Léki Dago | 1998

Paul Kodjo, Ananias Léki Dago

Dialogue argentique entre deux auteurs ivoiriens, Paul Kodjo et Ananias Léki Dago, l’un comme l’autre en quête d’un regard moderne.

À part leur pays natal, la Côte d’Ivoire, qu’ont en commun Paul Kodjo et Ananias Léki Dago ? Une passion pour la photographie, ou plutôt comme l’explique Ananias Léki Dago, « un souci d’élever la photographie, de l’emmener au-delà de l’utilitaire afin d’avoir sa propre vision ». Même s’ils appartiennent à des générations différentes, Paul Kodjo est né en 1939, Ananias Léki Dago en 1970, cet état d’esprit a réuni intuitivement ces deux auteurs lors de leur première rencontre à Abidjan, en 2000. L’un comme l’autre portés par le désir de se démarquer, il se sont enracinés dans ce médium, et, d’une certaine façon, soutenus esthétiquement.

Signe de distinction : ce noir & blanc qu’ils affectionnent et expérimentent résolument. « Nos écritures ne se ressemblent pas, note Ananias Léki Dago, mais nous sommes de la même école, celle de l’argentique. Paul s’est affirmé aussi bien dans le portrait en studio que dans le reportage de presse, il a documenté l’indépendance de notre pays. Son histoire croisera plus tard celle de la France en Mai-68, et celle du cinéma. » Kodjo est un homme en mouvement, sa biographie est riche d’aventures, de l’ouverture de son premier studio en 1959, Hollywood Studio, à Abidjan, à son enseignement à l’Institut National des Arts (1975-1985). Ainsi, lorsqu’il met en scène des romans-photos pour l’hebdomadaire Ivoire-Dimanche, il aime conjurer l’immobilité de ses modèles en les plaçant dans des décors sur mesure qui ne les écrasent pas. Aucune affectation, pas de frivolités, gestuelle élégante, il s’agit de sortir du cadre sans recourir à l’artifice. C’est très réussi.

Ananias Léki Dago pratique le décadrage, « une démarche adoptée très tôt. Mais je ne cadre pas par hasard, c’est le tranchant de mon cadrage qui trahit une volonté de décadrer ». Il joue avec les silhouettes, le contre- jour, ou les ombres « qui deviennent des masses pour les mettre en confrontation ». C’est un photographe qui prend soin de son sujet, il n’est pas dans l’effleurement mais dans la profondeur. Ce témoin poétique est concerné par ce qu’il voit, en Afrique du Sud, au Mali, au Kenya, au Bénin ou en Côte d’Ivoire : « Je réordonne la réalité ». D’où la force de sa rencontre avec Paul Kodjo, leur dialogue a porté ses fruits. Grâce à la ténacité d’Ananias Léki Dago, une partie des négatifs de Paul Kodjo a pu être sauvée et restaurée. À Abidjan comme à Paris, on a redécouvert ce photographe oublié, qui figure désormais dans les collections du Musée du Quai Branly.

Cette reconnaissance est un nouveau lien, un attachement qui emmêle leurs destinées. « Paul est d’une simplicité déconcertante », dit Ananias qui prépare un film sur son aîné. « Ça m’a permis de grandir », conclut-il, tout à la fois heureux de ce trésor patrimonial, et de cet échange fertile autour de la photographie, source de lumières.

Brigitte Ollier, juillet 2020

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