Louis Faurer

Louis Faurer

05 octobre - 02 décembre 2017

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Bowing for the Vogue Collections | Louis Faurer | 1972

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Eddie | Louis Faurer | 1948

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Homage to Muybridge, Chestnut Street, Philadelphia | Louis Faurer | 1937

Louis Faurer

in camera présente, en partenariat avec la galerie Howard Greenberg, une vingtaine de tirages de Louis Faurer (1916-2001). Cet ami de jeunesse de Robert Frank, avec lequel il partagea les pages Mode du Harpers’s Bazaar, sut écouter la mélodie fiévreuse de New York.

« En Amérique, le photographe n’est pas seulement celui qui fixe le passé, c’est aussi celui qui l’invente ». Cette remarque de Susan Sontag, très fordienne, va comme un gant à Louis Faurer (1916-2001) et à son destin ombragé. Ce qui nous touche d’emblée : sa détermination à quitter Philadelphie, sa ville natale et son enfance miséreuse, pour New York, puis à devenir photographe de mode sans perdre son âme. Comme Robert Frank, un temps, ou Saul Leiter, longtemps, Louis Faurer trouve son oxygène dans la rue et son soleil au crépuscule. Spectateur anonyme, il hante Times Square, paradis des néons capitalistiques, ou Madison Square Garden, oasis des artistes du cirque, le fameux Ringling Bros. Barnum & Bailey, et leurs éléphants en tutus roses qui dansèrent, avant-guerre, sur une musique de Stravinski.

Louis Faurer se coule dans Manhattan comme si la ville était un fleuve privé d’embouchure, et se noie dans la foule, arrachant ça et là des visages de l’oubli, mais pas n’importe lesquels. Des êtres d’exception. Voici ce qu’il écrit le 2 octobre 1979 : « Ce que recherche mon regard, ce sont des gens reconnaissants à la vie, des gens qui pardonnent et qui ont surmonté leurs doutes, qui comprennent la vérité, dont l’esprit tenace est baigné d’une lumière blanche tellement perçante qu’elle donne de l’espoir à leur présent et à leur avenir » – Louis Faurer, Steidl, 2016.

Il y a toujours de l’énergie dans les photographies de Louis Faurer, laquelle se déploie lorsqu’il enregistre simultanément deux événements, comme par distraction. Ces accidents poétiques, volontaires et involontaires, sont troublants – on dirait des amorces de films super 8 -, qui bousculent d’autres péripéties peut-être plus classiques. Louis Faurer suit le repli de l’amour, défie les buildings à hauteur d’homme, s’amuse à délocaliser les publicités, croise des jumelles qui auraient plu à Diane Arbus et rend hommage aux maîtres du passé, dont ce vieux renard de Muybridge (1830-1904), sosie de Kit Carson.

C’est l’une de ses plus photographies les plus entêtantes, cet éventail de personnages qui apparaissent et disparaissent, comme soumis aux caprices d’un illusionniste. Cette photographie, datée de 1937, a été prise dans Chestnut Street, à Philadelphie, là où le jeune homme apprit la calligraphie. Peut-être aussi la patience, pas sûr si l’on en croit ceux qui l’ont croisé. Observateur sensible, Louis Faurer saisit une Amérique entre mélancolie et enchantement, loin de Walt Disney et de la Beat generation.

Brigitte Ollier, août 2017

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