Jane Evelyn Atwood

Jane Evelyn Atwood

20 mai - 31 juillet 2010

Le sauna de la prison, colonie de travail pour délinquants juvéniles | Jane Evelyn Atwood | 1990

Rue des Lombards, Paris 1976-1977 | Jane Evelyn Atwood

Woods Hole | Jane Evelyn Atwood | 1983

L’institut départemental des aveugles | Jane Evelyn Atwood | 1980

Jane Evelyn Atwood

A l’occasion de cette parution chez ACTES SUD, in camera présente l’exposition PHOTO POCHE N° 125 un ensemble de photographies de Jane Evelyn Atwood extraites de ses nombreux reportages.

“Grâce au regard de Jane Evelyn Atwood, quelques aveugles, quelques prisonnières, quelques prostituées ne sont plus des étrangers pour nous. Ils sont devenus des proches comme la jeune fille à la fleur de Marc Riboud,
les Gitans de Koudelka, les personnages inoubliables de Diane Arbus, Mary Ellen Mark, Sarah Moon ou Leonard Freed, ( … ) grossissant ainsi la petite cohorte de ceux qui nous accompagnent depuis toujours et qui, l’âge venant, nous consolent.”
Catherine Chaine, introduction du PHOTO POCHE N° 125, ACTES SUD

Farouchement libre et indépendante, l’américaine Jane Evelyn Atwood, parisienne d’adoption, fait preuve depuis plus de trente ans d’une clarté radicale quant aux raisons qui l’ont conduite à choisir la photographie. L’acte photographique, pleinement imbriqué dans le réel qu’il documente, conjugue en même temps une prise de responsabilité et une prise de vue. Confirmant implicitement cette hypothèse, elle a coutume de dire que ce sont “ses sujets qui la choisissent plus qu’elle ne choisit ses sujets”, comme si l’engagement dans chaque nouveau travail était initialement vécu sur le mode de la nécessité et de l’empathie.

Première lauréate du prestigieux prix de la fondation W. Eugene-Smith (1980), Jane Evelyn Atwood a été révélée au tournant des années 1970 par un reportage approfondi sur la vie des prostituées en France. En deux décennies, à travers ses recherches et reportages consacrés aux légionnaires, aux “vieillesses”, aux jeunes aveugles ou aux mutilés des mines anti-personnel, Atwood a imposé l’acuité de son regard et la spécificité de son mode opératoire. Parmi les toutes premières, elle a opté pour ce qu’il est convenu d’appeler un travail au long cours, ne pénétrant les univers qui la requièrent qu’après s’être longuement documentée sur eux, telle une cinéaste qui multiplierait les repérages.

Par ce patient processus d’imprégnation, elle établit une confiance et une proximité avec les êtres qu’elle photographie, qui permettent une exploration en profondeur des sujets traités. Dans chaque reportage de Jane Evelyn Atwood, des histoires particulières, singulières et imprévues surgissent: elles résultent de son extraordinaire capacité à installer une forme d’intimité qui libère la parole et le geste.

Jean-Louis – Vivre et mourir du sida (prix World Press Photo, 1987) est emblématique de la démarche d’Atwood: voulant comprendre par elle même la réalité de cette maladie nouvelle et, plus encore, donner un visage aux malades, elle a accompagné et photographié jusqu’à sa mort Jean-Louis, première victime de la pandémie en Europe ayant accepté d’être médiatisée.

Trop de peines. Femmes en prison (prix Paris- Match, 1990 et Oscar Barnack, 1997), travail monumental de dix années, exposé et publié dans le monde entier, constitue à ce jour la plus grande référence photographique quant à la connaissance des réalités et des spécificités de l’univers carcéral des femmes.
Récemment, Jane Evelyn Atwood a choisi la couleur pour son travail sur Haïti ; l’écrivain haïtien, Lyonel Trouillot, commentant ses images, écrit: “Chaque photo témoigne de quelque chose d’irréductible, chaque photo capture un moment de quelque chose dont on ne pourra pas facilement épuiser le sens…”
A l’instar d’un W.Eugene Smith ou d’un Lewis Hine, l’oeuvre d’Atwood s’inscrit dans les temps forts de l’histoire de la photographie sociale, dont elle a renouvelé les formes mais maintenu et renforcé les principes éthiques fondateurs.

Jane Evelyn Atwood est l’auteur de neuf livres, deux consacrés aux prostituées à Paris, un sur la Légion Étrangère française, et Extérieur Nuit, paru dans la série Photo Poche Société chez Actes Sud, sur les aveugles.
Trop de Peines, femmes en prison, aux Editions Albin Michel, et Too Much Time, Women in Prison, chez Phaidon Press Ltd, ont été publiés en 2000.

Sentinelles de l’ombre est paru aux Editions du Seuil en 2004. A Contre Coups est publié en 2006 aux Editions Xavier Barral, et Haïti aux Editions Actes Sud en 2008. Photo Poche N° 125 aux Editions Actes Sud en 2010.

Jane Evelyn Atwood a été lauréate de nombreux prix internationaux parmi les plus prestigieux.
En 1980, elle a reçu la première bourse de la Fondation W. Eugene Smith pour son sujet sur les aveugles.
Son reportage « Jean-Louis – Vivre et mourir du Sida », au cours duquel elle a accompagné jusqu’à sa mort l’homme qu’elle photographiait, lui a valu un prix du World Press Photo, Amsterdam, en 1987.
Elle a reçu le Grand Prix Paris Match du Photojournalisme en 1990 et le prix du Canon Photo Essay en 1991 pour son travail sur les prisons de femmes en URSS. Elle a été lauréate de deux bourses de la Fondation Hasselblad en Suède, en 1994 et 2004, et s’est vue décerner le Ernst Haas Award, du Maine Photographic Workshops, U.S.A., en 1994.
En 1996, elle a gagné le Grand Prix du Portfolio, décerné par la « SCAM » (Société Civile des Auteurs Multimédia, France). Leica Camera lui a remis le Prix Oskar Barnack pour les prisons de femmes en 1997, et en 1998 elle a reçu un Prix Alfred Eisenstadt.
En 2005, Jane Evelyn Atwood s’est vu décerner le Charles Flint Kellogg Award in Arts and Letters de Bard College, New York, U.S.A.

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