Francisco Araya

Francisco Araya

05 juin - 31 juillet 2014

 | Francisco Araya

Francisco Araya

in camera présente un ensemble de photographies en couleur et noir et blanc, ainsi que des dessins et des sculptures de l’artiste chilien Francisco Araya.

Né en 1956 au Chili, Francisco Araya a vécu ensuite en Argentine, où il a étudié l’architecture à l’Université de Buenos Aires, puis en Espagne et au Mexique. De retour au Chili en 1979, il collabore avec l’architecte Fernando Castillo Velasco. Il apprend à travailler le bois chez un ébéniste et en usine, ce qui lui permet de créer des meubles et des jouets didactiques. Parallèlement , il suit des cours de peinture avec l’artiste conceptuel Eugenio Dittborn.

En 1983, il arrive à Paris, où il obtient son diplôme à l’Ecole Nationale des Beaux- Arts.
En 1990, il conçoit une boite en bois, outil de perception et de prise de vue, qui le conduit à la photographie. Dès 1996, il réalise des séries des photographies urbaines avec ce dispositif.

Certains des tirages de cette série “ logique urbaine “ sont rehaussés avec de la peinture. Francisco Araya vit aujourd’hui à Paris.

“ Francisco Araya travaille sur le paysage. La vision morcelée qu’il en propose, l’emphase qu’il met sur un détail que ce soit celui d’une architecture, d’un fragment de nature ou de ville, ou celui d’une silhouette dérobée, traduisent le désir d’une esthétique photographique qui permet à la réalité de se donner au regard non pas instantanément, mais en plusieurs temps.

En tant que fractionnement de l’espace, le découpage du paysage en plans successifs commence avec l’invention de la perspective dans le Haut Moyen-Age et trouve ses lettres de noblesse à la Renaissance avec les peintures du Quattrocento … Plus près de nous, les Cubistes en feront leur credo plastique.

Il semblerait que Francisco Araya se soit nourri de ces expériences à la fois artistiques et culturelles d’appréhension du réel.
Pourtant, le jeu de plans qu’il propose grâce à l’utilisation d’un cache constitué par une boîte en bois dont il module l’ouverture en fonction du sujet, cherche plutôt à créer de l’intime, … et à sauvegarder un espace privilégié. Le premier plan immuablement neutre et lisse, conditionne et canalise le regard.

L’image sélectionnée apparaît donc souveraine, … L’opposition entre ombre et lumière, partie et ensemble, absence et présence, entre intime et public, donne à ses « paysages » une dimension particulière qui oblige peut- être le spectateur à se transformer en voyeur.
Pourtant, là n’est pas l’intention de l’artiste. Ce dernier cherche surtout à capter et à retenir, peut-être à conserver ce qui est fugace et nous échappe, car le détail que nous appréhendons dans la totalité d’un paysage ne va nous retenir qu’un instant.

Le geste qu’effectue Araya en fixant cet instant situe son travail dans un espace-temps défini. En privilégiant spatialement la boîte et en minimisant la place du sujet, en « excluant » l’un au profit de l’autre, l’artiste effectue néanmoins un acte de construction qui, pour reprendre les termes du critique d’art brésilien Roberto Pontual, est dans l’esprit de la « géométrie sensible ».

La quête de mémoire s’inscrit également dans cette évocation de l’absence que suggère le fragment.

Un autre choix s’effectue dans la sélection des couleurs de la boîte. En invitant à un regard partiel du paysage, qu’elle soit chaude et cuivrée, froide dans des nuances de gris, ou carrément noire, parfois en symbiose chromatique avec le sujet choisi, la boîte intervient comme un médiateur entre le regardeur et l’objet du regard …

Le concept qui préside à l’élaboration de ces constructions et déconstructions du paysage, à cette subjectivité face au réel, répond à l’élaboration d’un univers intellectuel, affectif et esthétique dont l’artiste nous offre ici une maîtrise raffinée.
Ce n’est pas la proposition d’un monde modèle réduit que nous offre Francisco Araya, mais plutôt l’invitation à une perception choisie, à un arrêt sur image, à une méditation poétique sur un « lieu-monde » dont il faut bien parfois penser et admettre les limites au risque de se perdre.”

Christine Frérot

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