La galerie in camera s’associe à la galerie Anne-Laure Buffard pour représenter l’oeuvre de la photographe Marie-Laure de Decker (1947-2023) en collaboration avec ses fils Pablo Saavedra de Decker et Balthazar Lévy. Rare femme dans un milieu quasi-exclusivement masculin, photo-reporter, portraitiste et photographe de guerre, Marie-Laure de Decker a marqué le photo-journalisme par son engagement et son regard humaniste.
Après une courte carrière de mannequin à Paris entre 1965 et 1967, elle part en Asie entre 1970 et 1972 dans l’optique de réaliser un portfolio pour l’Agence Gamma. Elle reste plusieurs mois en Inde, au Laos, en Thaïlande, au Cambodge, à Singapour et arrive au Vietnam au printemps 1971, à Saigon (Hô Chi Minh-Ville). De retour en France, elle intègre l’agence.
Au cours de ses voyages, accompagnée de sa caméra Leica, elle couvre de nombreux conflits et zones de crise : la guerre civile au Việt Nam et au Tchad, le nord et le sud du Yémen (1973), la pollution industrielle au Japon, le Chili de Pinochet (en 1975 et en 1983), le Mozambique (1979), l’URSS (1980-1981), la sécheresse au Mali (1984), l’apartheid en Afrique du Sud (1985), et finalement, la Bosnie (1993). Elle ne montrera jamais la guerre autrement que par les populations qui la font et la vivent, refusant de montrer le sang ou la nudité.
Elle réalise deux courts-métrage, Việt Nam (1995) et Maldita Primavera, sur le 10e anniversaire de la mort d’Allende, ainsi qu’un film documentaire, Un voyage chez les Woodabés (2004).
A la fin des années 1980, elle s’oriente vers la photographie de mode et de plateau, travaillant pour Vogue ainsi que sur les tournages de Sous le soleil de Satan (1987) et de Van Gogh (1991) de Maurice Pialat, Indochine (1992) de Régis Wargnier ou encore Adieu, plancher des vaches ! (1999) d’Otar losseliani.
Tout au long de sa carrière, elle photographie de nombreuses personnalités qu’elle disait vénérer : Marcel Duchamp, Roland Topor, Jacques Prévert, Orson Wells, Catherine Deneuve, Françoise Sagan, Man Ray, Gilles Deleuze, ou encore Jorge Luis Borges.
En 1995, Marie-Laure de Decker s’installe dans le Tarn, où elle immortalise les paysages et le quotidien rural. Elle poursuit en parallèle son travail documentaire auprès des Wodaabes, un peuple nomade du Tchad.
En 2001, la Maison Européenne de la Photographie lui organise une première exposition importante, Vivre pour voir, qui lui permet d’être reconnue comme une photographe majeure en France. Le festival international de photojournalisme Visa pour image lui rend hommage pour l’ensemble de sa carrière en 2006. Elle reçoit le Prix International Planète Albert Kahn en 2012.
Décédée en 2023, une rétrospective lui est actuellement dédiée à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 28 septembre 2025.